Je pense donc je grimpe.

jeudi 26 juillet 2012

PORTRAIT : FLORIAN CASTAGNE, LE MONSIEUR FINESSE, OUVREUR ET MONITEUR EN SALLE !

Bonjour Florian, peux-tu te présenter brièvement?


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J’ai tout juste 23 ans (le 1er juin). Je suis bruxellois. J’ai un frère de 21 ans, Martin. J’ai terminé mes études d’éducation physique l’année passée. Je grimpe depuis mes 6 ans et je pratique le slackline depuis 4 ou 5 ans. Et je suis célibataire (rire).
 

Comment as-tu découvert l’escalade et qu’est qui t’a marqué, qui t'a donné l’envie de continuer ?


J’ai commencé à grimper sur le pan de mon oncle Jean Paul Finné. Il a habité quelques années au dernier étage de notre maison et s’était fabriqué un petit mur. Mon frère et moi nous nous amusions dessus. Puis, mes parents nous ont inscrit à des cours d’escalade. Martin en a fait 1 an ou deux et a arrêté. De mon côté, après 2 ou 3 ans, j’ai commencé les cours avec Christophe Depotter qui m’a fait progressé durant des années. C’est lui qui m’a transmis le virus, qui nous emmenaient faire nos premiers pas en falaise.

Aujourd’hui, tu travailles à temps plein dans une salle d’escalade après tes études d’éducation physique. Peux-tu nous présenter ta salle ? Depuis combien de temps y es-tu ?


La salle s’appelle Itinéraires AMO (Aide en Milieu Ouvert). C’est un service d’aide à la jeunesse situé à St Gilles à Bruxelles. La salle d’escalade est un outil que nous utilisons avec les enfants, les ados mais aussi avec certaines écoles des environs. Puis, la salle est ouverte à tous en soirée. Il y a une bonne dynamique et une chouette ambiance. J’y travaille depuis 4 mois.

Quel sentiment cela te procure t-il de concilier passion et travail ?


Je suis content de faire ça comme premier boulot, je suis dans mon élément. Vu que ce n’est pas une “simple” salle d’escalade, je découvre aussi d’autres aspects très intéressants. Beaucoup de gens pensent que je grimpe plus maintenant mais en réalité je grimpe un peu moins que pendant mes études. Je peux quand même garder un bon niveau pour me faire plaisir lors des sorties en falaise. Donc pour le moment ce n’est pas un problème d’allier passion et travail.

Quels sont tes attentes en tant que moniteur d’escalade ? Pour les jeunes et moins jeunes ? Donnes-tu cours aussi ?


dsc_3099Si j’arrive à donner l’envie aux gens de grimper, qu’ils puissent découvrir quelque chose qui leur plaît et leur fait du bien, tant mieux. J’espère que chaque jeune qui est venu grimper est content de lui et s’est fait plaisir.

Quels sont tes envies en tant que grimpeur maintenant que tu “disposes” d’une salle ?


Pouvoir faire des séances avec les super grimpeurs qui viennent à Itinéraires. Et maintenant que nous disposons d’une salle de bloc, je vais pouvoir suer 1 ou 2h après le boulot pour endurcir mes petits bras (rire).

Le fait de grimper et travailler dans la grimpe, te donne t-il envie justement de passer ton temps libre à faire un peu autre chose ?


Oui bien sûr. J’ai une forte envie de faire de la slack. Juste se retrouver entre amis dans un parc, dans la nature et se faire plaisir à marcher sur la sangle. C’est une sensation de liberté incroyable. On se rend compte que nous pouvons faire des choses improbable à première vue. Fin juin, je vais avec 2 amis à Millau dans le sud de la France pour un grand rassemblement de sports outdoor. La slack sera présent et on s’entraîne sur des lignes tendues au-dessus du vide, entre deux falaises. Brrr, sensations garanties !

Tes atouts et tes forces en escalade ?


Ma gestuelle (grâce aux nombreuses falaises que j’ai visité et mes années de pratique). Ma force dans les doigts. Ma taille. Mon hérédité familiale hum hum (merci JP).

Tes points faibles ?


Ma force dans les bras et le manque de planification sérieuse dans mes séances. Je grimpe plutôt au jour le jour et j’ai dur de me motiver si je sais que je n’irai pas en rocher bientôt.

Parles-nous un peu de la manière dont tu as été amené à ouvrir des voies d’escalade en salle ? Combien d’année d’expérience as-tu à présent ?


J’ai commencé par ouvrir des blocs à Stone Age. Je ne sais plus à quand cela remonte mais nous faisions ça pour le plaisir, pour créer des beaux mouvements et s’éclater toute une après-midi. Merci Pico et Tintin de m’avoir laissé faire ça. Après j’ai ouvert une année à Top Rock au Stadium (la salle la plus proche de chez moi). Ensuite pendant 3 ans à Stone Age, des voies et des blocs en alternance. Fin 2009, j’ai fais de fréquentes visites à L’escale à Arlon pour ouvrir aussi des voies et des blocs. Et depuis février, j’ouvre à Itinéraires.

Comment as-tu appris le métier ? Et quels conseils peux-tu donner à ceux qui aimeraient en faire de même ?


dsc_6449J’ai commencé par ouvrir des blocs. Tu peux vraiment te concentrer sur la gestuelle, tu n’es pas gêné par les bacs de prise que tu dois monter avec toi. Tu fais ce que tu veux avec une simple échelle et tu peux facilement essayer tes mouvements. Après c’est la pratique personnelle de chacun qui va influencer le style d’ouverture. Ton expérience en salle, en falaise, le nombre d’années de grimpe, ta taille, et bien sûr les murs sur lesquels tu peux ouvrir.

Les échos sur tes voies sont très positifs! Tu sembles avoir un style fluide, continu, et une belle technique des pieds et des mains. Les clients apprécient ton style, c’est un beau compliment, n’est-ce pas ? Qu’est-ce qui anime un peu ta création ?


C’est sur que ça fait plaisir quand on me dit qu’une voie est belle. Quand j’ouvre je me base soit sur un thème, soit sur un enchaînement de mouvements qui m'est venu en tête. La gamme de prise dont tu disposes est aussi essentielle, tu regardes le mur, puis tu fais une sélection de belles prises, celles qui te parlent. Les prises doivent t’inspirer sinon tu fais n’importe quoi. J’essaye d’être logique, que les grimpeurs ne redescendent pas en ayant rien compris dans les mouvements.

Au fait, as-tu déjà réalisé des compétitions ? Pourquoi ?


Quand j’étais plus jeune j’étais dans le cours d’entraînement de Stone Age, je participais aux compétitions belges junior et à quelques manches des coupes d’Europe jeunes. Je pense que mes toutes premières compétitions remontent à mes 8 ou 9 ans. Puis j’ai été 3 ans de suite champion de Belgique (2 fois en benjamin, 1 fois en minime). Jusqu’à mes 17 ans je restais toujours bien classé en Belgique (c’était beaucoup plus dur en dehors de nos frontières). J’ai même fais des belles incursions dans les finales senior alors que j’étais encore en junior. Maintenant je participe occasionnellement aux compèt nationales. J’ai fais de la compétition pour me dépasser, me comparer aux autres et grimper évidemment. A 17 ans, ma motivation pour cela à diminuer (sauf pour grimper !) et j’ai donc décidé d’arrêter les cours d’entraînement. Maintenant, c’est pour la falaise que je grimpe. C’est ma motivation!

Quels sont finalement tes objectifs, tes attentes et tes envies en escalade ? Te vois-tu par exemple encore grimper à 40 ans ?


Oui bien sûr. J’aimerai continuer à voyager et surtout dans les années à venir aller explorer des endroits plus lointains, sur d’autres continents.

Ta plus belle performance ?


p1010314Il y a eu plein de voies qui d’un point de vue investissement, combat mental ou beauté de la ligne resteront dans ma tête. Les gros combat que tu peux te mettre dans certains « à vue » où tu pense que tu vas lâcher mais où tu tiens sont géniaux. Dernièrement je me suis battu à mort dans « Escouba » un 7a vertical sur très petites prises à Buoux. J’ai aussi des beaux souvenirs à Céüse, dans des 7b, 7b+. Sinon d’un point de vue niveau max, j’ai fais deux 8b. Le premier en 2007 à Siurana en Espagne : Zona 0. Et en septembre 2009 à Freyr (à la maison) : Shingen.

Ton plus bel échec ?


Lorsque je suis tombé à un mètre du relais d’ « Al andaluze » (à St Léger du Ventoux), a une prise du bac salvateur et après un long combat. Ca m’a rendu dingue et une demi heure plus tard j’enchaînais un autre 8a.

Ton plus beau rêve ?


(Pour l'interlocuteur) Te voir enchaîner une 6C proprement! (rire).

Tes envies de progression ?


Pourquoi pas faire du 8b+, et aussi progresser en escalade sur coinceurs.

Un mot pour nos lecteurs ?


Vivez votre passion à fond. Et au plaisir de se parler (et boire un verre) à Itinéraires ou ailleurs.


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