Je pense donc je grimpe.

jeudi 26 juillet 2012

D. Techniques d'utilisation du piolet d'alpinisme

Concernant le piolet, il est 2 idées fondamentales à retenir :
> le piolet est essentiellement destiné à permettre, par l'exécution de la "position d'arrêt" , de stabiliser et freiner une glissade.
> le piolet est contondant : mal manipulé, il peut blesser




Histoire


Initialement les montagnards (paysans, bergers et premiers excursionnistes) ont utilisé un bâton droit et éventuellement ferré.

Les premiers explorateurs de glaciers ont utilisé des haches pour tailler des marches dans la glaces.

Différents compromis entre bâton et haches ont été forgés. La forme du piolet en est issue.

Les premier piolets avaient un manche très long (hauteur d'homme) et le piolet moderne fait à peu près 1/3 de la hauteur de son utilisateur.

Si la technologie a évolué (manches en alliage léger), le principe du piolet utilisé en randonnée reste identique depuis près d'un siècle. (les imaginations se sont plus lâchées pour les piolets utilisés en cascade de glace)

Symbole et mythes


Le piolet constitue avec la corde le couple mythique symbole de l'alpinisme. Le geste d'alpiniste très certainement le plus ancré dans l'imagerie populaire est celui du "planté du piolet traction" ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes pédagogiques !

Les alpinistes donnent quelquefois à leur piolet des petits noms affectueux comme "piochon", "engin", "bête"...

Anatomie


Un piolet comporte un manche de longueur 50 à 80cm environ

Une tête portant (ou constituée de) 1 lame (longue) et 1 panne (partie courte et arrondie)

Une pique à l'autre extrémité du manche.


La lame est quelquefois appelé Pic mais nous éviterons cette appellation qui porte à confusion avec la pique.

La tête comporte généralement un trou appelé oeil. La partie du manche située près de la pique est nommé douille à cause de la douille qui renforçait les manches bois à cet endroit.

La panne est quelquefois appelée pioche.

La partie normalement de forme étroite qui relie la panne à la tête est appelée le "col de la panne".

Parmi les accessoires nous citerons :
> les embouts de protection qui devraient être placés sur les 3 extrémités pour réduire la dangerosité du piolet quand il n'est pas utilisé.
> la dragonne ou la longe que certains utilisent pour éviter de perdre le piolet ou pour renforcer leur prise.

Catégories


Actuellement nous pouvons distinguer 2 usages assez différent du piolet:

> l'utilisation universelle



> l'utilisation spécialisée "traction" ou "cascade"

La "cascade" se réfère à une activité d'escalade sur glace (principalement cascade gelées et grandes faces gelées) qui utilise le piolet pour se tracter. (c'est une technique de progression, non d'assurage). Des piolets perfectionnés ont été développé pour être plus performants pour cet usage et en deviennent quelquefois inutilisables pour l'usage en "position d'arrêt".

Ces piolets particuliers dits "piolet traction" ou "piolet cascade" ou, abusivement "piolet technique" et leur utilisation seront traités dans le chapitre "Escalade sur glace".

Par contre, dans ce document-ci nous ne traiterons que du piolet "classique" ou "universel" et de son mode d'emploi


Mode d'emploi du piolet


La technique de la "position d'arrêt"


Cette technique s'utilise pour freiner, contrôler et si possible arrêter une glissade intempestive sur une pente de neige, glace (mais aussi quelque fois sur herbe ou terre). Il s'agit d'une technique destinée à sauver une vie menacée (la sienne ou celle de sa cordée). Lorsqu'on est amené à exécuter la position d'arrêt, on le fait dans des conditions d'urgence et de "pression" énormes, il est donc essentiel d'avoir bien assimilé la technique, de s'être entrainé, d'avoir répété les gestes pour qu'ils soient quasi-instinctifs "au cas où".
(Pour clarifier l'explication nous supposons que nous ne sommes pas face à la pente mais en traversée. Nous avons donc un coté du corps vers l'amont, l'autre vers l'aval).

Position

Le piolet est pris à 2 mains.
> La main amont tient la tête du piolet, pouce sous le col de la panne, les 4 autres doigts en crochet sur le dessus de la tête et de la lame.
> La main aval tient le manche du piolet près de la pique.

Le piolet est tenu le manche formant une diagonale devant le torse :
> la main aval près de la hanche aval;
> la main amont au-dessus de l'épaule amont et à hauteur du cou. La main amont positionne le piolet pour que la lame soit dirigée droit en face.

Le corps est couché face au le sol, dos au ciel. On est donc en quelque sorte couché sur le piolet de manière à exercer tout son poids sur la lame pour qu'elle s'enfonce dans le sol.

Il y a 2 cas :
> sans crampons, les chaussures peuvent contribuer fortement au freinage. En prenant des carres ou en mordant avec la pointe avant.
> avec crampons, il est impératif d'éviter que ceux-ci ne touchent le sol car cela entrainerait un blocage brutale et un effet de catapultage. Les pieds doivent donc être levés (genoux fléchis)

Le réflexe inné étant d'utiliser ses pieds pour se freiner, le catapultage par les crampons étant un danger considérable, il faut donc s'entrainer à LEVER les pieds (quitte les poser si on prend conscience que l'on a pas les crampons aux pieds)

Fonctionnement


Corps : Pour protéger les parties sensibles du corps et avoir plus d'efficacité d'ancrage, le corps ne devrait pas être face au sol mais légèrement sur le coté amont.

Les jambes ne sont donc pas toutes les deux dans la même position.

Sans crampons, le pieds peuvent contribuer grandement au freinage.

Avec crampons il ne faut pas y compter mais si on a mis les crampons à bon escient on est sur neige dure et le piolet est alors très efficace.

La main amont positionne la panne dans le creux entre l'oreille et l'épaule. Le bras amont est fléchis.

Quand la lame du piolet commence à la bourrer la neige, toute la force du freinage est encaissée par le bras amont qui aura tendance à se tendre. C'est ce qui permet au bras amont d'encaisser les chocs (violents). Mais il ne faut pas le laisser se tendre car alors :
> on ne peux plus exercer de "poids" sur le piolet pour l'ancrer.
> en cas de choc, on ne peux plus amortir et on risque de lâcher le piolet définitivement.

Il est donc préférable d'alléger l'ancrage, ramener le piolet main amont près de l'épaule et là seulement re-exercer son poids sur le piolet pour l'ancrer.

Toute ceci se passe en quelques secondes ou dixièmes de secondes, bousculé, cogné par les aspérités du sol. La main amont a aussi pour rôle de maintenir la lame perpendiculaire au sol en contrôlant la rotation du piolet autour de l'axe du manche.

La main aval a elle comme rôle :
> de maintenir la perpendicularité de la lame dans le sens vertical. Grâce à la longueur du manche, c'est facile.
> d'empêcher la pique de se planter dans le sol
> et de l'empêcher de se planter dans le ventre, la hanche etc...!

Le passage en position d'arrêt


Sauf à l'exercice, on ne "démarre" pas en position d'arrêt.

On marche tranquillement ou anxieusement sur une pente glissante et puis tout à coup, un de nos pieds glisse ou trébuche ou bien, on se fait secouer par la corde car le compagnon de cordée vient de chuter en "oubliant" de le signaler !

C'est surprenant, violent.

L'essentiel de nos chances de sauver nos vies se joue dans les premières fractions de seconde.
> tenir fermement le piolet,
> l'agripper avec les 2 mains en vue de la position d'arrêt ("porté à 2 mains"),
> se jeter au sol plutôt que d'y être jeter et commencer à le labourer avec toute son énergie. (en levant les pieds si crampons !)


Ensuite s'écouleront quelques secondes (d'une durée terriblement longue) où il faudra se battre -calmement- et férocement, ne pas lâcher, ne pas exiger non plus un arrêt immédiat -qui est impossible-, ne pas chercher à "planter le piolet", labourer simplement et ... tenir.

Voilà qui fait frémir, mais désolé, ce n'est pas un "film", c'est réel.

Avec une bonne préparation "Yes, we can" comme on dit chez nos amis.

Être "toujours prêt"


Vous l'aurez compris, pour que le passage en position d'arrêt puisse se faire le mieux possible il importe qu'on tienne le piolet de manière à ce que ce passage soit le plus direct, qu'il demande le moins de manipulation ou de réflexion.

Il faut donc dans la mesure du possible tenir la tête du piolet avec la main amont, pouce sous le col de la panne, 4 doigts sur la lame : c'est ce que je nomme la tenue en "lame-externe" (d'autres termes sont envisageable lame-coté-auriculaire, lame-poignard...)

C'est le cas notamment avec la tenue du piolet en canne qui est une situation très courante (90% des utilisations).

Ainsi, en cas de chute, il ne reste qu'à attraper le manche avec la deuxième main avant de se placer en "position d'arrêt".

Souvent même,on arrive à enrayer le début de chute en basculant simplement le piolet-canne en piolet-ancre.

Vous remarquerez que les positions Canne dorsale, Canne latérale et bien sûr Porté à 2 mains et Ancre sont immédiatement convertibles en position d'arrêt.

Le "porté à 1 main" aussi, mais on tient le piolet par le manche dans la main aval -en sachant précisément comment est tourné la tête-. En cas de chute on attrape la tête avec la main amont et la main aval est glissée vers la pique.

Seules exceptions : la canne-frontale et l'appui frontal ainsi que la tenue pour l'appui-ramasse. Nous y reviendrons.

L'apprentissage


L'importance et la difficulté de la technique d'arrêt avec un piolet justifie de s'y entrainer sérieusement : cela nécessite des exercice méthodiques et en conditions propices (en sécurité) : une journée d'exercices intensifs est d'une grande efficacité.

Autres techniques


Ancre

Porté à 2 mains, tenir le piolet comme pour la position d'arrêt, mais rester debout ! La main amont tient la tête du piolet; la main aval tient le manche près de la pique.


Porté à 1 main, tenir le piolet par son centre de gravité, dans la main aval. La lame du piolet est orientée pour être écartée du corps (au cas où on trébucherait). Si besoin est, on retrouve immédiatement la position d'arrêt en attrapant la tête dans la main amont.

Traction

Cette technique spectaculaire,un dans chaque main est "mythique". C'est ce à quoi pense un novice quand il pense "piolet".


Elle est très adaptée à des parois très raides et avec 2 piolets, par contre c'est une erreur pour des pentes moins raides ou quand on dispose de ses deux mains pour un seul piolet

Canne

La main amont tient le piolet, pouce sous le col de la panne, paume sur la lame, doigts sous la lame. La lame est tournée vers l'amont, donc écartée du corps, à la perpendiculaire du bras.

En cas de chute, la main amont est déjà en place pour un Appui. Dans bien des cas, la glissade sera enrayée dès le départ en inclinant simplement le piolet vers l'amont pour que la lame vienne se planter dans le sol.

Il suffit d'attraper le manche avec la main aval pour se mettre en position d'arrêt.

Quand on change de côté de marche, changer le piolet de main. Marcher de façon symétrique (pied aval + piolet, puis pied amont...), c'est le plus stable.
Remarque :

On voit couramment utilisée la technique inverse, qui consiste à poser la main sur la panne comme si c'était un repose-main*. C'est une erreur aux conséquences dramatiques. Je déconseille formellement cette méthode pour les raisons suivantes :
> C'est inefficace : la lame n'est pas en position pour enrayer la glissade dès le départ. (se ramener en position d'arrêt ne peut se faire qu'en lâchant le piolet pour le retourner : c'est long et périlleux.)
> C'est dangereux : la lame se trouve en permanence tournée vers le corps (jambes). En outre, en cas de chute, le réflexe naturel étant de poser les paumes sur le sol, on risque de tourner la lame du piolet vers sa poitrine.

La panne n'est là que pour tailler des marches dans la glace.

Cette position se nomme "piolet-panne" et est adapté à une progression frontale qu'il vaut mieux éviter en général.

Usage de la panne


Et à quoi sert donc la panne du piolet ?

Tailler des marches

Elle est faite essentiellement pour permettre de tailler des marches dans la glace ou la neige dure. Cet usage permet de passer en relative sécurité un court passage de glace lorsqu'on n'a pas de crampons ou même à améliorer la sécurité pour un second qui ne maitrise pas bien ses crampons.

Ne doit pas se faire dans l'idée de "piocher" (creuser un trou) mais de "sarcler" (gratter) : la panne racle, laboure le sol pour y tailler un sillon. On refait le geste jusqu'à obtenir un sillon suffisant pour y caler la chaussure.

Caler la main

Le col de la panne est indispensable pour caler la main dans les techniques de l'ancre ou de la position d'arrêt. Avec un marteau piolet le col de la "tête de frappe" peut convenir. Avec des piolets trop spécialisés "cascade de glace", l'absence de panne rend très incertaine l'utilisation de ces outils en ancre ou charrue.

Poser la main : à éviter

La panne constitue une surface plane, arrondie, fort attirante pour y poser la paume de la main....c'est tentant, n'est-ce pas?

De la tentation à la règle certain ne font qu'un pas et c'est ainsi que la grande majorité des alpinistes utilisent leur piolets en canne en posant la paume sur la panne, lame entre le pouce et l'index. (il y a d'autres motifs aussi confus, voir "Le sens du piolet canne")

Au risque de me répéter, en voici 2 dangers :
> cela retarde et rend aléatoire le passage en position d'arrêt
> cela augmente le risque de se blesser avec la lame

La planter : NON

La panne n'est pas un organe d'ancrage, ni une alternative à la lame. Certains le croient, certains l'enseignent (en prétextant que ce serait adapté à la neige molle) pourtant :
> la panne est en général petite, son ancrage éventuel est très faible . Si la neige est molle, il faut garder le piolet en position d'arrêt (il n'y a qu'une !) et simplement mettre le manche en travers pour rajouter le raclage avec le manche au labourage de la lame.
> tenir le piolet ainsi revient à diriger la lame vers son cou ce qui est très dangereux
> se mettre dans l'idée que selon la texture de la neige il faudrait choisir une manière de faire ou l'autre peut faire perdre quelques fractions de seconde et à cause de cela, la vie !

Que faire du piolet quand on ne s'en sert pas?


Ce point a été brièvement évoqué dans le chapitre “C” de la bible de l’alpinisme. Revenons-y ici en détail.

Canne, portés : avec une seule main soit utiliser le piolet en canne, soit porté à 1 main c'est à dire dans la main aval, au niveau du centre de gravité du piolet (pour mieux le maitriser). Lame orientée vers l'extérieur, à l'écart du corps afin de réduire le risque de se faire "hara-kiri" si on trébuche.

Piolet fixé sur le sac : Les sacs d'alpinismes sont normalement pourvus d'anneaux et sangles destinés à fixer un ou des piolets. Leur utilisation n'est pas évidente et on voit trop souvent des erreurs en ce domaine. Mode d'emploi du dispositif classique (anneau de sangle cousu au bas du sac):

> enfiler le la pique puis le manche du piolet dans cet anneau du haut vers le bas (et pas l'inverse !) : le piolet se retrouve suspendu, tête en haut pique vers le bas.
> tourner le piolet pour que la lame soit vers dirigée vers le centre et non vers l'extérieur (pour qu'elle risque moins d'accrocher quelque au passage)
> basculer le piolet : la tête se retrouve emprisonnée dans cet anneau de sangle, la pique vers le haut.
> fixer alors le manche du piolet à l'aide de la sangle,élastique ou "Velcro" qui est placé là (ou avec les sangles du sac si nécessaire).

Munir la pique et la lame d'embouts de protection : ces pointes sont de véritables armes qui peuvent éventrer, crever un oeil malgré vous. Très important en excursion collective.

Piolet à la bretelle Très pratique pour se libérer les mains ponctuellement (par exemple pour un pas d'escalade). Doit être l'exception car présente un danger : en cas du chute, la tête du piolet peut venir frapper la nuque, endommager le cervelet : paralysie ou mort)

Piolet suspendu par sa tête Pour se libérer les mains ponctuellement, on peut préférer accrocher le piolet par son oeil à un mousqueton, le piolet se retrouve pendu le long de la jambe, sa tête à hauteur de la ceinture. Il faut avoir conscience du danger que cela peut induire, et veiller à disposer la lame pour qu'elle ne vienne pas trop facilement vous embrocher le ventre !

Entretien et durée de vie


Il est rare que l'on ait besoin d'aiguiser un piolet de randonnée. Il n'est pas nécessaire qu'il soit très pointu pour être efficace en "position d'arrêt". Trop aiguisé cela augmente le risque de blessures.

Le problème est différent lorsqu'on veut pratiquer le piolet cascade (piolet traction exclusivement) : voir chapitre "escalade sur glace". Préférer un aiguisage à la main (lime) pour ne pas chauffer le métal.

Les lames ne sont général pas inoxydables. L'humidité les fait rouiller...pour limiter cela, lors du stockage, retirer les embouts de protection qui pourraient conserver l'humidité. Enduire l'acier avec un peu d'huile et en général cela suffit. Un piolet de randonnée s'use peu et peut durer toute une vie sauf choc anormal.

Attention : collages et traitements thermiques peuvent être détruits -sans que cela se voit- si vous laissez un piolet trop près d'un feu ou d'un poêle.

Source


Cet article n’a pas été réalisé par Nospot mais par le site : http://alpinismes.free.fr/TerrainsGlissants/TG_TechPiolet.html

1 commentaire :

  1. Anonyme14:52

    Il important de savoir pour quel sport vous voulez utiliser votre piolet :
    http://www.commentmieuxchoisir.fr/Comment-choisi-son-piolet.asp

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